Photographe autodidacte zurichois, Karlheinz Weinberger (1921-2006) est magasinier chez Siemens.
Sur son temps libre, il documente avec application, des années 1950 aux années 1980, un pays bien éloigné des clichés qui lui sont traditionnellement accolés.
En charge du photo club de son entreprise, il réalise à l’après-guerre des images pour la revue confidentielle et clandestine « Der Kreis » (Le Cercle), éditée par le club homosexuel du même nom.
Au milieu des années 1940, fasciné par le corps masculin, il fait de l’acte photographique une parabole de la liberté.
En 1958, il fait la connaissance d’un jeune loubard qui l’introduit dans sa bande. Karlheinz Weinberger photographie avec un réalisme cru ces « blousons noirs » sous influence américaine, fascinés par Elvis Presley et James Dean.
Il les étudie, à la manière d’un ethnologue, avec empathie, curiosité et respect. Cette jeunesse le lui rend bien. Étranger dans le monde dans lequel il vivait, il s’en était trouvé un autre, se réconciliant avec lui-même.