La fête est finie, 2020
Performance, protocole, 15-20 Kg de confettis
Collection Frac Poitou-Charentes, Angoulême

La performance La fête est finie de Marianne Villière a été activée le soir
du vernissage par une étudiante de l’EBABX, qui était cachée sous les
confettis. Au moment du vernissage, elle se dirige vers la sortie. Le tas de
confettis reste en place sur la durée de l’exposition. Le public peut être
invité à suivre la personne dans son cheminement et la voir s’ébrouer au loin.
Née en 1989 à Nancy, Marianne Villière est diplômée de l’ENSAD de Nancy
et de la HEAD de Genève et obtient le prix Gianni Motti (2014) et le prix
Edward Steichen (2024). Dans l’espace commun, sa démarche cherche
des points de bascule de manière à : inverser des rapports de forces compositions de situations contextuelles et éphémères. Discrètes mais
complices, ses interventions proposent une lecture à double tranchant. Au
premier abord, le geste semble drôle, léger voire superficiel, pour ensuite
nous faire face.
Le motif des confettis occupe dans notre imaginaire collectif la place d’un
souvenir d’excitation joyeuse. Ils nous rappellent les foires, les défilés,
les carnavals, les petites ou grandes fêtes d’anniversaire peut-être ; ils
évoquent des moments de célébration et rassemblement. Il m’intéresse d’en
détourner l’usage pour en faire un tas statique, démobilisé ou en réserve,
comme le résultat d’une action passée ou comme en attente d’une action à
venir. Cet amoncellement de confettis peut aussi évoquer de façon critique
un des aspects négatifs de la notion de fête dans un contexte contemporain
à tout le moins saturé d’événements, parmi lequel la fête est devenu un objet
paradoxal de célébration, de consommation et de consomption du temps et
de l’énergie, de mise en représentation de l’individu et de sa sphère sociale,
d’esthétisation et de spectacularisation du quotidien, de divertissement
comme mode de vie. Face à cette “mobilisation” des corps et des esprits
en mode “festif ”, l’on peut se sentir comme “enlisé” et se demander ce qu’il
est encore bon de fêter ? En réaction à l’abondance et à la surenchère de
cet esprit festif, qui plus est dans un lieu d’exposition rompu également
aux logiques événementielles de vernissage et/ou de finissage qui ont pour
effet de capitaliser l’attention des regardeurs/visiteurs lors d’un événement
dédié, la performance La fête est finie dispose dans l’espace d’exposition
un individu quasiment recouvert par un tas de confettis. Sa posture avachie
et fatiguée met en exergue l’épuisement dû à cette fête constante. La
personne se dégage avec mollesse du tas de confettis puis se redresse
pour en sortir. La fête est finie, elle l’était déjà plus tôt, la quitter semble
être autant une épreuve qu’une évidence. L’intention de cette performance
est d’amener le spectateur à porter son regard sur le corps qui se lève et
vers sa fuite tranquille. Il pourra ainsi observer ou suivre le mouvement et
chemin qui s’opèrent sous l’impulsion du performeur qui décidera de quitter
la scène du lieu spécifique de l’art pour s’en extraire et gagner l’espace du
dehors. Cette représentation d’une sortie, c’est l’idée de se rendre présent
à l’environnement, extérieur et éventuellement naturel aussi, une invitation
à se mobiliser à l’extérieur d’un espace de monstration, de s’extraire du
monde clos de l’événement pour rejoindre l’ouvert du monde courant –
Marianne Villière et Mickaël Roy, 2020