DISTER SESSIONS

Du 17 mai au 27 juillet 2024

Commissariat par Emilie Flory, assistée de Sara Gleizes

La Ville de Mérignac rend hommage au photographe Alain Dister avec une exposition qui présente un ensemble d’œuvres photographiques et littéraires, en dialogue avec des documents inédits issus du travail et des archives de l’artiste. Des errances dans une Amérique fascinante et effrayante aux jeunes punks japonais ; des manifestations anti-Vietnam et soutien au Black Panther Party, à l’année passée avec Jimi Hendrix ; des portraits de Frank Zappa, Patti Smith, The Cure, à ceux d’inconnus croisés au gré des rues, clubs, parcs et concerts, en passant par les blousons noirs parisiens… Alain Dister photographie, écrit, interviewe, regarde et capte les sociétés sans jamais perdre de vue la jeunesse dissidente, celle capable de faire changer les mondes.

Alain Dister disparaît en 2008 en laissant une œuvre riche, plurielle et pour partie méconnue.


@Jeanloup Sieff, portrait d’Alain Dister, 1985

« La première fois que j’ai entendu prononcer le mot « punk », c’était en 1967, en plein summer of love, à San Francisco. Frank Zappa en avait fait le titre d’une de ses chansons, « Flower Punk ». Il y était question d’un paumé qui s’en allait à « Frisco » rejoindre un groupe psychédélique. Et il allait roupiller à même le sol, aimer tout le monde et attraper des morpions. Dix ans plus tard, à Londres, le sourire niais et le bon vouloir empathique ont cédé la place au rictus et aux bousculades hargneuses des amateurs de pogo. On roupille toujours par terre, tandis que les morpions poursuivent leur petit bonhomme de chemin. Les uns et les autres, hippies en battle dress des nuits froides du Haight Ashbury et punks aux cuirs cloutés des boites de Camden Town, enfants et petits-enfants de la Beat Generation, ont appris à vivre avec ce qu’ils avaient sous la main, frugalité qui pouvait aussi bien être un antidote contre le système et ses mirages consuméristes. N’a-t-on pas assez dit que les punks n’étaient qu’un avatar des hippies … Je n’ai pas été surpris de retrouver les mêmes gens tour à tour affublés de ces deux étiquettes par les medias. À New York surtout. Patti Smith en 1971 dans les couloirs du Chelsea, accompagné d’un Mapplethorpe couvert de bijoux et de foulards indiens : hippie. Patti Smith chat écorché sur la scène du CBGB en 1976 : punk. Comme chez Richard Hell – qui soutient, à juste titre, avoir inventé le look T-shirt lacéré, épingles à nourrice et cheveux en bataille –, c’est la poésie Beat qui irrigue l’imaginaire, avec son réalisme extatique, sa scansion be-bop, et la crudité de ses images empruntées au quotidien autobiographique. Du look, en fait, on se fiche pas mal. »

Alain Dister, extrait de la préface de Punk Rockers, éditions Vaderetro, 2006

 

Biographie ALAIN DISTER

Photographe et écrivain, Alain Dister a été le témoin privilégié de la culture rock, des années 60 à 2008.
Du Summer of Love de San Francisco aux punks japonais des années 1990, on le trouve constamment sur les scènes émergentes, aux côtés de Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Pink Floyd, Frank Zappa…
Reporter légendaire des premières heures de Rock & Folk, il écrit de nombreux ouvrages sur les musiques, les contre-cultures, leurs grandes figures.
Son travail photographique, entre documentaire et création, témoigne d’une approche singulière, à la fois tendre et objective, sur plusieurs générations de la Youth Culture.
Il photographie, raconte les concerts, les rassemblements historiques, mais aussi les groupes backstage.
Marqué par la Beat Generation, il rencontre souvent ses principaux acteurs comme Ginsberg ou Corso, et traverse pendant quarante ans l’Amérique du Nord en tous sens, captant au passage les routes, paysages, ambiances, bikers, motels, frontières, graffitis.
Devenu lui-même une icône rock, l’emblème du rock critic, Alain Dister a exposé son travail de photographe dans des musées et galeries du monde entier.

Né à Lyon, le 25 décembre 1941, Alain Dister est décédé à Paris, le 2 juillet 2008.

Pour aller plus loin : alaindister.com

 

Biographie Emilie Flory, Commissaire de l’exposition

Commissaire d’exposition et critique d’art, membre de l’AICA France, Émilie Flory développe une réflexion sur le régime contemporain des images à travers, notamment, les multiples formes de réappropriations que déploient les artistes aujourd’hui.

Diplômée en ingénierie culturelle, elle est directrice du centre d’art contemporain image/imatge à Orthez de 2001 à fin 2015, et en assure la direction artistique jusqu’en février 2016. Après une année bénévole à San Francisco Camerawork, elle se consacre à des projets curatoriaux en freelance, en France et à l’étranger, collabore avec des partenaires publics et privés et assure diverses missions de direction et de responsable de service au sein de centres d’art et de Frac.

Elle est également à l’initiative de groupes de collectionneurs, dont elle assure la coordination, la prospection et les acquisitions.