New Way of Living, son dernier projet, se situe au carrefour des problématiques sociales, environnementales et sociétales contemporaines. Ici, les images argentiques grand format d’une urbanité chinoise verticale répondent à des photographies captées au téléobjectif dans des villes numérisées et ultra-connectées où la crise sanitaire actuelle légitime la généralisation d’outils permettant l’identification, le contrôle, l’évaluation et l’isolement des individus. Est-ce le prélude annonciateur d’une transformation profonde de nos sociétés ?
De la ville fantôme d’Ordos à la ville portuaire de Qingdao, en passant par Wuhan, elle représente de façon formelle le paysage bâti mais aussi capte la dimension anthropologique de l’espace, lieu d’expériences humaines inscrites dans de nouvelles dimensions sensibles et relationnelles. Elle met n place un dispositif qui s’inspire de l’observation de la faune : se tenir à l’écart, passer inaperçu ou se fondre au groupe. Elle investit les espaces qu’elle photographie en y résidant et traque de ces tours de guet l’éco-système environnant. Pour ce faire elle utilise une longue focale fabriquant une image modeste qui interroge le statut de l’image et contraste avec les photographies de résidences d’habitation réalisées à l’aide d’une chambre photographique.
«L’habitus» des citadins chinois comme le nôtre emprunte essentiellement au numérique. Dans un monde ultra-connecté, les frontières entre l’espace privé (l’habitat) et l’espace public (la ville) sont devenues poreuses. Les connections entre la ville et l’homme sont maintenant d’un autre type, particulièrement dans la ville chinoise. La traçabilité des identités numériques couplée à une vidéosurveillance massive figurent un ordre social en pleine mutation.
Le lien entre espace physique et virtuel change de nature, les formes de la vie publique et privée évoluent, l’ampleur et la rapidité de ces transformations modifient la vie des individus. Un champ des possibles s’ouvre et se dessine peut-être un nouveau genre humain.
L’artiste