Entre espaces d’exposition et espace de la ville, l’événement présente une vingtaine d’artistes internationaux, notamment au travers d’une collaboration avec MOMENTA I Biennale de l’image (Montréal, Canada).
A la Vieille église, point central de la manifestation, machines à rêves et rêves de conquêtes côtoient fables et goût pour l’absurde.
En écho, à la Médiathèque Michel Sainte Marie et à la résidence des Fauvettes – nouvel espace investi spécialement pour l’événement – pointent les enjeux de la conservation de la mémoire et des connaissances, et le rôle des images dans notre compréhension du monde. En filigrane s’y dessinent les projections sur l’écroulement de nos sociétés et sur des futurs sans humanité. Certaines pistes pourtant, dessinent des hypothèses sur notre manière d’habiter le monde, à la recherche d’autres équilibres.
Au parc du Vivier enfin, quatre propositions d’artistes sont présentées qui abordent différents « mondes possibles » et livrent les probables devenirs d’un monde déjà sur le point d’advenir.
Edito
« Qu’est-ce qui nous meut ?
Quel rêve, quelle folie nous pousse à bord d’engins improbables de l’autre côté de la montagne, de l’autre côté de la mer, nous fait tourner le regard vers les étoiles ?
Dés/espoir de meilleurs lendemains, soif de conquête ou curiosité scientifique, les forces qui guident les utopies humaines sont innombrables.
L’histoire de la représentation photographique des confins est intrinsèquement liée à l’idée d’horizon et à la limite du regard, à la quête des origines, aux projections vers l’inconnu.
Dès son apparition, la photographie va accompagner l’exploration du territoire, et va aider à sa cartographie, à sa circonscription, nourrissant utopies et migrations humaines, façonnant l’idée de l’ailleurs et de l’altérité.
Objets de récit indiciels, les images provoquent des représentations imaginaires, des projections fantasmées, participant à la construction des mythes fondateurs de nos sociétés contemporaines.
Dans des entreprises aussi hasardeuses que fragiles, sur des embarcations lancées à l’incertitude, l’explorateur va ainsi contribuer à la fabrique de réalités alternatives, sortes de paradis perdus jamais advenus. Outil d’idéologies et vecteur de pensée dominante, le photographique remplace et transforme alors le monde par la production globalisée d’une sorte de « fiction réelle ». Les représentations du monde en sont les témoins, révélatrices d’histoires de conquêtes, d’asservissements, de dominations, d’appropriations et de mutation des territoires et des êtres.
Aujourd’hui cependant, dans un contexte globalisé, le monde apparaît comme rétréci. Plus de continents inconnus, plus de territoires inconquis. l’homme semble avoir plié le temps et l’espace à sa mesure. Cartographié, scanné, numérisé, le monde nous donne la sensation d’une fin.
L’image numérique démultiplie ce message par sa capacité nouvelle à étendre les points de vue et les connaissances, et à influencer les systèmes de représentation et d’information. Le flux des images guide nos imaginaires.
Conjuguée au futur, cette capacité à embrasser le monde en un instant semble pourtant dérisoire. Les projections sur l’à venir convoquent dystopies et collapsologie1. L’Anthropocène cède le pas au Thanatocène2.
L’image participe à la construction et à la multiplication de ces nouveaux imaginaires des possibles. Par le biais des projections, des croyances et des fantasmes sur l’avenir, de nouveaux récits s’écrivent autour de ces devenirs probables.
Un déplacement s’opère. »
Emeline Dufrennoy,
Commissaire invitée du Mérignac Photo 2021
1 La collapsologie est un courant de pensée, apparu il y a moins de 10 ans, qui envisage les risque d’un effondrement de la civilisation dû à l’altération de son environnement par l’homme.
2 L’Anthropocène serait la période durant laquelle l’influence de l’être humain sur l’ensemble du vivant a atteint un tel niveau qu’elle est devenue une « force géologique » majeure.
Prolongeant cette idée, le Thanatocène désignerait une ère de destruction et d’écocides, avec la guerre comme origine.
Momenta, Biennale de l’image
partenaire du Mérignac Photo
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